Charlotte Schmitz est une photographe qui utilise des pratiques collaboratives et des recherches au long cours pour remettre en question les perspectives documentaires traditionnelles. Elle a grandi dans la communauté danoise d’Allemagne et vit actuellement au bord de la mer Baltique. Le travail de Charlotte a entre autres été publié par le Washington Post, der Spiegel, die Zeit, et elle a exposé aux États-Unis, en Turquie, en Autriche et au Japon. Elle est la première lauréate du « FotoEvidence W Award » avec son livre La Puente, publié en 2019. Elle est cofondatrice de Friendzone.Studio et de The Journal, un collectif mondial de photographie regroupant plusieurs centaines de femmes et de photographes non binaires.

La Puente – 2019

Charlotte Schmitz a entendu parler pour la première fois de La Puente, l’un des plus grands bordels du sud de l’Équateur, alors qu’elle vivait à Machala en tant qu’étudiante en échange de 18 ans. La maison close est restée gravée dans l’esprit de la photographe comme un lieu symbolisant les doubles normes fondées sur le sexe qui existent dans toutes les sociétés. Consciente de l’inévitable hypocrisie qui entoure l’existence d’une femme, Charlotte est retournée à La Puente dix ans plus tard pour interviewer et photographier les femmes qui y travaillent, afin de comprendre comment elles vivent et ce qu’elles ressentent face à la représentation erronée et à la marginalisation auxquelles elles sont régulièrement confrontées en tant que travailleuses du sexe.

La majorité des travailleurs du sexe dans le monde sont des femmes, mais la plupart des projets visuels sont réalisés par des hommes et incluent rarement les travailleurs du sexe dans la manière dont ils veulent être vus. La Puente donne une nouvelle perspective à un sujet quelque peu cliché en impliquant la voix et la participation des travailleurs du sexe dans le projet. Les polaroïds présentés dans cette œuvre ont été créés en collaboration avec les femmes de La Puente, qui ont choisi de réaliser leurs propres photos et qui ont participé au processus créatif de l’artiste. Elles ont peint leurs portraits avec du vernis à ongles pour masquer leurs visages ou en embellir certaines parties.
Le projet et les conversations qui l’ont entouré se poursuivent jusqu’à aujourd’hui et conduisent à un travail actuel de l’artiste sur le travail du sexe à Berlin, en Allemagne.

Çok güzelim, çok güzel / I am so beautiful, so beautiful – 2016

“L’œuvre s’étend sur plus de 10 ans et constitue une recherche visuelle sur l’espace privé à Balat, un quartier d’Istanbul où j’ai vécu. En me promenant dans les petites rues historiques, j’étais intriguée par ce qui se cachait derrière les rideaux. Comment serait le monde intérieur, ses habitants, son esprit et sa cohésion avec le quartier ? L’œuvre est une réponse visuelle à ces questions et une exploration de ce que signifient grandir, la camaraderie, la connexion, l’intimité, devenir une femme, la beauté, les célébrations, l’amitié, l’attention, la divinité, le jeu et bien d’autres choses encore.”